top of page

La Chapelle Saint-Simon

Située au bord de la Loire, au milieu des maisons du village anciennement appelé Port de Mauves, la chapelle Saint-Simon, de forme quadrangulaire, recouverte d’ardoises et surmontée d’un clocheton, fut construite au XVIe siècle à l’emplacement d’un sanctuaire plus ancien vraisemblablement érigé par les habitants du port de Mauves sur l’incitation des chanoines de Marmoutier, ordre fondé par Saint-Martin de Tours qui, à l’époque, avait la jurisprudence sur toute la vallée de la Loire, de Nevers à Nantes.

 

Au Moyen-âge, s’élevait en ce lieu une léproserie placée sous le patronage de l’apôtre Saint-Simon.

Par ailleurs, les seigneurs de l’Epine-Gaudin dont dépendait Saint-Simon s’étaient fait octroyer, par les ducs de Bretagne, une foire au port de Mauves en la fête de Saint-Simon et il y avait, ce jour là, un pèlerinage, ce qui laisse supposer qu’avant le XVIe siècle existait déjà un sanctuaire dédié au patron des pêcheurs.

 

Nous ne possédons pas d’information permettant de dater avec précision la construction de la chapelle actuelle, mais elle existait en 1598 lors de la signature de l’Edit de Nantes par le roi Henri IV.

 

De par sa situation quasi insulaire, cette chapelle de village était dépendante du bon vouloir du Conseil de Fabrique de la paroisse et des dons provenant des seigneurs possédant un fief à proximité. Ainsi, au début du XVIIe siècle, elle est dotée d’une fondation par la famille des Aubrons, seigneurs de la Guérivière et de la Touquère qui détiennent la cure de la Chapelle Basse-Mer de 1604 à 1610.

 

Selon un parchemin en mauvais état, signé par le sieur H. de Jouvent, la chapelle aurait été bénite en 1640 par Monseigneur le Cardinal de Richelieu. Il est difficile de vérifier l’authenticité de cette pièce.

En 1672, Anne Le Texier épouse Pierre Boulonnois, procureur au présidial de Nantes, et qui sera en 1675 sénéchal de la Chatellenie de la Chapelle-sur-Erdre.

 

En 1680, son frère Louis Le Texier, écuyer au château de Goulaine, est sieur de Saint-Simon. Une de ses nièces, Anne Boulonnois née en 1673 épouse, en 1698, Messire Jacques Conan, seigneur de Saint-Hélory. Elle habitera Saint-Simon et y décédera en 1740.

A cette même époque, des marchands nantais, les Gartion, se rendent propriétaires de terres et construisent une maison à la Pinsonnière. En 1719, Joseph Gartion est fabriqueur en charge à la Chapelle Basse-Mer. De 1676 à 1739, trois prêtres Gartion  assurent les offices, baptêmes et mariages dans la chapelle de Saint-Simon.

 

En 1742, Marie-Anne-Jeanne Conan de Saint Hélory, fille d’Anne Boulonnois, épouse Aimé Rivière, sieur des Héros, docteur en médecine, dans cette chapelle.

Les Boulonnois, dont l’un, Alexandre, est cité comme sieur de Saint-Simon en 1744, sont officiers dans l’armée royale et résident à Nantes.

 

Après la révocation de l’Edit de Nantes, en 1685, la situation de certaines familles se modifie car l’autorité royale et ecclésiastique se méfie des lieux de culte où subsiste un sentiment d’indépendance vis-à-vis du pouvoir. En 1758, des différends opposent le recteur et les habitants non propriétaires de la vallée qui subissent de nombreuses crues et demandent des levées de protection depuis la crue de 1711.

 

A partir de 1750, les Gartion ne figurent plus parmi les notables locaux et les Thibault qui étaient sieurs de la Pilardière vont se fixer à la Monderie, y construire un château et une chapelle qui sera bénite en 1763. Cette même année, la chapelle de Saint-Simon n’est plus considérée comme édifice cultuel et la fondation des Aubrons est reportée à l’église paroissiale. 

En 1767, il semblerait qu’elle appartienne à un certain Gabriel Céleste du Breil, seigneur du Buron. En 1775, Charles Etourneau effectue quelques travaux de restauration. Quelques années plus tard, elle se dégrade et sert finalement de grange à fourrage peu de temps avant la Révolution.

 

Le 24 mai 1794, René Jousseaume, alors âgé de 75 ans, est exécuté par les « colonnes infernales ». Il sera inhumé dans la chapelle où une plaque commémorative rappelle cet événement.

Au début du XIXe siècle, d’après le cadastre de 1810, la chapelle est la propriété de Jean-Baptiste Etourneau demeurant à la Pinsonnière et propriétaire de l’ île Barre et de l’ île de la Vrillière. Plus tard, l’un des propriétaires successifs, Monsieur Doussin, la fait quelque peu rénover mais, à partir de 1884, elle est de nouveau abandonnée.

En 1928, Monsieur Lemanceau, ancien régisseur du Comte de Blois, domicilié à Segré et propriétaire de quelques immeubles à la Boire-d’Anjou, en fait l’acquisition et la sauve de la ruine. 

 

Les années passent et la chapelle agonise…

En 1955, un siècle après la construction de la levée de la Divatte,  les villageois créent une association et entreprennent des travaux de rénovation.

 

En 1957, elle est rachetée par l’Association Diocésaine, à l’initiative du Père Arlais, curé de la Chapelle Basse-Mer. Alors débutent les travaux de restauration avec l’appui du groupe « Breiz-Santel » et la participation de tous les habitants du hameau. En 1961, une fresque représentant les métiers régionaux est peinte par Georges Riom.

Une « amicale villageoise de Saint-Simon », créée le 16 mars 1984, organise, depuis cette date, des manifestations afin de se procurer les fonds nécessaires aux continuels et importants travaux d’entretien de l’édifice.

 

Cette chapelle ayant été construite bien avant la levée de la Divatte, elle fut de nombreuses fois inondée lorsque les crues de la Loire transformaient la vallée en un immense marécage, et on peut lire, sur le mur de la façade, les dates et les hauteurs des crues : 1711, 1783, 1856 (où l’eau monta dans l’édifice à 2,43 m) et 1866.

 

Souvent abandonnée et sans cesse restaurée, aujourd’hui toujours propriété de l’Association Diocésaine, protégée des crues et de la ruine, elle peut désormais affronter, en toute quiétude, les intempéries et les siècles à venir.

La Chapelle ST Simon

2024 créé par Pierre Gallon et Pierre Saunière        contact : patrimoinechapelain@gmail.com

bottom of page