La culture des glaïeuls dans la vallée
par Gérard Jousseaume
A partir de 1950, les cultures traditionnelles de la vallée le chanvre, le tabac, les asperges, l’osier font partie de la panoplie des productions de l’époque, mais donnent des inquiétudes sur leur pérennité. On est au début de la production maraichère et de sa diversification. Le secteur de la Pierre Percée est le plus dynamique dans l’innovation.
La culture des fleurs existe dans ce secteur, depuis 1928 avec le muguet. C’est grâce à la rencontre entre un instituteur de la commune et quelques maraîchers, principalement de la Pierre-Percée, que la diversification vers la production de fleurs débute.
Mr Quilgars directeur de l’école Notre Dame avait une passion, l’agriculture et ses productions locales. C’est ainsi qu’il avait créé un jardin scolaire. Tous les samedis après-midi, à la dernière heure de cours, il emmenait la « grande classe des 11-14 ans » faire des travaux pratiques : semis, plantation et entretien des légumes et fleurs jusqu’à la récolte.
Mr Quilgars et ses élèves devant le jardin scolaire (vers 1952)
Le jeudi où il n’y avait pas d’école, Mr Quilgars allait à la rencontre des parents d’élèves. Un grand nombre était agriculteur. C’est ainsi qu’il proposa à certains d’essayer la culture de fleurs à bulbes, anémones, tulipes, glaïeuls, etc. Ses relations avec des techniciens horticoles ont permis un démarrage un peu plus rapide de ces cultures. Après plusieurs années d’essai, seul le glaïeul sera conservé.
Très rapidement, une douzaine de producteurs se regroupent. En 1952, ils crééent le Groupement des producteurs de bulbes et fleurs coupées avec une marque déposée « Flovaloire ».
Composition du premier bureau.
Président : Jules Allard Secrétaire : Maurice Joubert
Vice-président : J-B Jagou Secrétaire adjoint : Auguste Quilgars
Trésorier : Maurice Douineau
La plantation des bulbes (en provenance de Hollande majoritairement) se fait début janvier dans les grands tunnels et à partir de mi-février pour la culture sous châssis et petit tunnel plastique. Les premières années, la culture précoce se fait sous châssis. Suivant le développement de la tige, les coffres sont levés avec lèves-châssis. Lorsqu’elle atteint 50 cm environ, les châssis sont retirés et la floraison se fait en plein air. A partir de 1970, les grands tunnels donnent un nouvel élan à cette production, permettant une récolte plus précoce, de meilleure qualité, la floraison se faisant à l’abri des intempéries et permettant un étalement de la production du début mai jusqu’au 10 juillet en le plein air.
Culture de glaïeuls sous serre à la Chapelle Basse-Mer
La production maximum du glaïeul s’étend de 1975 à 1990. Une trentaine de producteurs, majoritairement de la Chapelle-Basse-Mer plantent de 5 à 6 millions de bulbes par an. La récolte se fait le matin à la fraîcheur. On arrache le pied du glaïeul dès que la couleur apparaît au premier œil de la hampe. Le conditionnement se fait par longueur et par couleur en bottes de 10 tiges puis emballés dans des cartons appropriés.
L’expédition se fait le soir par camions en direction des halles de Rungis pour 85% de la production, le reste est commercialisé régionalement. En pleine saison 5 à 6 semi-remorques de cartons de glaïeuls partent chaque semaine pour Paris.
A partir de 1990, la fleur de glaïeul concurrencée par des fleurs plus petites, perd de son attrait. La production baisse progressivement, mais le marché de la région nantaise permit de poursuivre l’aventure d’une production de fleurs commencée il y a 50 ans. Voici quelques années, le dernier producteur a cessé sa production.
La « Fête des glaïeuls », kermesse de l’école privée rappelle le souvenir de cette production et un hommage à Mr Quilgars qui l’a introduite dans la vallée. Une rue de la Pierre-Percée porte son nom.
Gérard Jousseaume 17/05/2021
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